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Il faudra en faire des laboureurs à la journée, quand leur père était dans une aussi bonne position que tout autre sur les terres de Votre Honneur ; un homme qui ne battait jamais son froment avant qu’il eût été mis en meule et ne vendait jamais la paille, ni rien de ce qui était bon pour la ferme. Demandez à tous les fermiers d’alentour si l’on pouvait trouver au marché de Ripstone un homme plus rangé, plus solide que mon mari. Et il m’a dit — ce furent ses derniers mots : « Vous vous arrangerez pour garder la « ferme », si sir Christopher vous le permet ».

— Bah ! dit sir Christopher, les sanglots de Mme Hartopp ayant interrompu son plaidoyer ; écoutez-moi et tâchez d’avoir un peu de bon sens. Vous êtes à peu près aussi capable de conduire la ferme que le serait une de vos vaches à lait. Vous serez obligée d’avoir un homme pour la diriger : il vous trompera, vous volera, ou bien il vous amènera à l’épouser.

— Oh ! Votre Honneur, je ne suis pas une femme de cette espèce ; personne ne peut dire cela de moi.

— Très probablement parce que vous n’avez jamais été veuve auparavant. Une femme est toujours assez folle ; mais elle ne l’est jamais autant que lorsqu’elle a mis son bonnet de veuve. Maintenant, quel bénéfice y aura-t-il pour vous, lorsque, après être restée quatre ans sur votre ferme, vous aurez dépensé votre argent, laissé ruiner les terres et que vous serez en arrière de la moitié de vos fermages ; ou que vous aurez pour mari quelque grand rustre qui vous injuriera et battra vos enfants ?

— Je vous assure, sir Christopher, que je connais