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aux courbes aériennes et au bosselage blanc et or. Comme sir Christopher ouvrait la porte, un jet de lumière plus vive tomba sur une femme en robe de veuve, qui, debout au milieu de la chambre, fit une profonde révérence lorsqu’il entra. C’était une femme mince, d’environ quarante ans, les yeux rougis par les pleurs dont était imbibé le mouchoir qu’elle tenait serré dans sa main droite.

« Eh bien, madame Hartopp, dit sir Christopher en prenant sa tabatière d’or et frappant sur le couvercle, qu’avez-vous à me dire ? Markham vous a signifié l’ordre de quitter la ferme, je suppose ?

— Oui, Votre Honneur, et c’est pour cela que je suis venue. J’espère que Votre Honneur y pensera davantage et ne me renverra pas, moi et mes pauvres enfants, hors de la ferme, dont mon mari a toujours payé la rente aussi régulièrement qu’un jour suit un autre.

— Sottises ! Je voudrais savoir quel avantage il y aurait pour vous et vos enfants à rester sur cette ferme et à perdre jusqu’au dernier sou de ce que votre mari vous a laissé, plutôt qu’à vendre votre train et vos récoltes et aller vivre dans quelque petit endroit où vous pourriez conserver votre argent. Tous mes tenanciers savent très bien que je n’autorise jamais les veuves à garder les fermes qu’occupaient leurs maris.

— Oh ! sir Christopher, si vous « vouliez » considérer la chose : quand j’aurai vendu le foin, le blé et le bétail, quand j’aurai payé les dettes et placé l’argent à intérêt, il y aura à peine de quoi nous empêcher de mourir de faim. Et comment pourrai-je élever mes enfants et les mettre en apprentissage ?