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d’un physique un peu lourd, trouvaient cet Antinoüs à catogan un « insupportable freluquet ». Je crois que le Rév. Maynard Gilfil, assis au côté opposé de la table, lui appliquait volontiers à part lui cette dénomination, et pourtant l’extérieur de M. Gilfil ne devait pas le rendre insensible aux avantages personnels ; en effet, son visage ouvert annonçait la santé, et ses membres robustes étaient d’un type excellent pour l’usage de tous les jours, et dans l’opinion de M. Bates, le jardinier venant du Nord, ils auraient fait un bien meilleur effet sous l’uniforme militaire, que la figure efféminée et la taille mince du capitaine Wybrow ; et pourtant celui-ci, comme neveu et héritier de sir Christopher, avait des droits bien plus acquis au respect du jardinier. M. Gilfil n’était point sensible à l’opinion de M. Bates, tandis qu’il attachait une grande importance au jugement d’une autre personne dont le nom n’aurait pas été difficile à deviner pour un observateur, d’après certaine impatience dans les regards de M. Gilfil, dirigés sur la petite figure qui glissait le long de la pelouse, portant les coussins. Le capitaine Wybrow regardait aussi dans la même direction ; mais son beau visage restait beau, et rien de plus.

« Ah ! dit sir Christopher en levant les yeux de son journal, voilà milady. Sonnez pour le café, Anthony, nous les rejoindrons, et le petit singe Tina nous chantera quelque chose. »

Le café fut bientôt apporté, non, comme à l’ordinaire, par le laquais en costume écru et écarlate, mais par le vieux sommelier en habit noir usé, mais soigneusement brossé. Il dit en posant le plateau sur la table :