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se trouve à côté de celui de sa femme, la dame imposante assise sur le gazon.

En regardant sir Christopher, vous auriez sans doute pensé qu’il pouvait avoir pour héritier un fils déjà parvenu à l’âge d’homme ; mais peut-être n’auriez-vous pas désiré que ce fils fût le jeune homme assis à sa droite, qui offrait pourtant dans le contour du nez et du front une certaine ressemblance avec le baronnet. Si ce jeune homme avait été moins élégant de tournure, on aurait admiré l’élégance de son costume. Mais telle était la perfection de sa taille élancée, que personne autre qu’un tailleur n’aurait remarqué la coupe parfaite de son habit de velours ; quant à ses mains blanches aux veines bleuâtres, elles éclipsaient complètement ses manchettes de dentelle. Le visage cependant — il est difficile de dire pourquoi — n’était pas attrayant. Rien de plus joli que son teint de blond, dont les cheveux poudrés faisaient ressortir la fraîcheur ; que les épaisses paupières qui donnaient une expression d’indolence à ses yeux brun clair ; rien de plus élégamment découpé que ses narines et sa courte lèvre supérieure. Peut-être le menton et la mâchoire inférieure étaient-ils trop petits pour que le profil fût irréprochable ; mais ce défaut était à l’avantage de la délicatesse et de la « finesse » qui formaient le caractère distinctif de toute sa personne. Impossible de dire que cette délicatesse ne fût pas extrêmement belle ; toutefois, pour le plus grand nombre des gens, elle manquait de charme. Les femmes n’aimaient pas ces yeux qui semblaient accepter complaisamment l’admiration, au lieu de la ressentir pour les autres ; et les hommes, surtout s’ils étaient