Page:Eliot - Scenes de la vie du clerge - Barton Gilfil.pdf/148

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

devant une des tours uniformes de la façade ; le large promenoir gravelé allant à droite, le long d’une allée de grands pins en suivant la pièce d’eau et se divisant sur la gauche entre des monticules surmontés de groupes d’arbres, où le tronc rouge du pin d’Écosse brille sous les rayons obliques du soleil ; la grande pièce d’eau où des cygnes nagent paresseusement, une patte cachée sous l’aile, autour des nénufars épanouis ; la pelouse vert émeraude se confondant plus bas avec les herbes plus foncées du parc, dont elle est invisiblement séparée par un petit ruisseau sortant de l’étang, serpentant et disparaissant sous un pont de bois ; enfin, sur cette pelouse, nos deux dames : tout cet ensemble aurait offert au peintre un ravissant coup d’œil.

Ces dames, vues depuis les grandes fenêtres gothiques de la salle à manger, se dessinaient admirablement, étaient visibles pour les trois messieurs qui dégustaient leur bordeaux et offraient à chacun un intérêt personnel. Ces messieurs eux-mêmes formaient un groupe digne d’attention ; mais qui que ce fût, en entrant pour la première fois dans cette salle, aurait été plus fortement frappé par la salle elle-même, si complètement privée de meubles, et sa beauté architecturale l’aurait impressionné comme celle d’une cathédrale. Une natte qui s’étendait d’une porte à l’autre, un tapis usé sous la table et un dressoir dans un enfoncement, n’attiraient point les regards, qui se portaient vers le plafond à caissons, orné de pendentifs richement sculptés, le tout d’un blanc pur, relevé çà et là par des touches dorées. D’un côté, ce plafond élevé était supporté par des piliers et des arceaux, au delà desquels un autre du