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CHAPITRE II

C’est le soir du 21 juin 1788. La chaleur a été étouffante, le soleil éclatant, et il sera plus d’une heure encore au-dessus de l’horizon ; mais ses rayons, brisés par le feuillage des ormes qui bordent le parc, n’empêchent pas deux dames de sortir avec leurs paniers à ouvrage et de s’asseoir sur la pelouse devant le manoir de Cheverel. L’épais gazon cède, même sous les pas légers de la plus jeune, petite et gracieuse, dont le pied, le plus mignon qu’on puisse imaginer, se laisse apercevoir. Elle court devant la seconde dame pour placer les coussins à l’endroit favori, sur une pente, près d’un massif de lauriers, d’où elles peuvent voir scintiller les rayons du soleil au milieu des nénufars, tandis qu’elles-mêmes sont en vue des fenêtres de la salle à manger. Maintenant elle se retourne, et vous pouvez voir son visage, tandis qu’elle reste debout à attendre l’autre dame, qui s’avance plus lentement. Vous êtes tout de suite frappé de ses grands yeux noirs, qui ressemblent à ceux d’un faon ; et ce n’est que plus tard que vous remarquez la couleur dorée de son visage et de son cou, où un fichu de dentelle noire sert de transition