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cadre sculpté et doré supportait de chaque côté des appliques dans lesquelles se trouvaient encore des bougies, et sur une des branches pendait un petit fichu de dentelle noire. Une pelote de satin fané avec des épingles rouillées, un flacon de senteur et un grand éventail restaient sur la table, et à côté du miroir, sur un nécessaire de toilette, était un panier à ouvrage où reposait, jauni par le temps, un petit bonnet commencé. Deux robes d’une coupe ancienne étaient suspendues à un portemanteau, et une paire de petites pantoufles rouges avec une broderie d’argent terni gisaient au pied du lit. Deux ou trois dessins à l’aquarelle, représentant des vues de Naples, ornaient les murs et la cheminée. Au-dessus de quelques objets rares en porcelaine on voyait deux miniatures dans des cadres ovales. L’une représentait un jeune homme de vingt-sept ans, le teint coloré, les lèvres épaisses, les yeux gris, clairs et candides ; l’autre, une jeune fille de dix-huit ans, maigre, avec des traits mignons, de grands yeux noirs et le teint pâle. Le monsieur était poudré ; la dame avait des cheveux noirs et peignés en arrière, et un petit bonnet avec un nœud cerise au sommet de la tête — une coiffure coquette ; et cependant les yeux annonçaient plus de tristesse que de coquetterie.

Telle était la chambre que Martha aérait et brossait quatre fois par an, depuis le temps où elle-même était une fraîche jeune fille ; et, maintenant que M. Gilfil était au déclin de la vie, elle-même avait dépassé la cinquantaine. Telle était la chambre fermée à clef dans la maison de M. Gilfil : symbole visible de la retraite secrète de son cœur, où il avait