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Les sermons de M. Gilfil, comme vous pouvez vous l’imaginer, n’étaient point d’un genre très dogmatique et moins encore polémique. Ils ne remuaient peut-être pas très profondément les consciences : car vous vous rappelez que Mme Patten, qui les avait entendus pendant trente ans, trouva que M. Barton, en la traitant de pécheresse, commettait une hérésie très incivile. D’un autre côté, ces sermons n’exigeaient rien de trop excentrique des intelligences de Shepperton, se bornant en général à l’exposé de la thèse très simple que ceux qui se conduisent mal s’en trouveront mal, tandis que ceux qui se conduisent bien s’en trouveront bien ; la nature de la mauvaise conduite étant déterminée par des sermons spéciaux contre le mensonge, la médisance, la colère, l’égoïsme, etc. ; et la bienfaisance étant représentée par l’honnêteté, la véracité, la charité, le travail et d’autres vertus qui se trouvent seulement à la surface de la vie et n’exigent pas de profonds enseignements spirituels. Mme Patten comprenait que, si elle ne retournait pas convenablement ses fromages, elle devait s’attendre à une juste réprobation ; mais, je le crains, elle ne s’appliquait aucunement la partie du sermon traitant de la médisance. Mme Hackit se disait très édifiée par le sermon sur l’honnêteté, l’allusion aux faux poids et aux balances trompeuses lui donnant raison à l’égard d’une dispute récente qu’elle avait eue avec son épicier ; mais en revanche il n’en était malheureusement pas de même lorsque l’orateur parlait sur la colère.

Quant à soupçonner que M. Gilfil ne prêchât pas le pur Évangile, ou quant à quelque observation sur son