Page:Eliot - Scenes de la vie du clerge - Barton Gilfil.pdf/135

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

entre eux et leur pasteur, et n’avaient pas moins foi en lui comme gentleman et ministre, malgré sa parole aisée et ses manières familières. Mme Parrot arrangeait son tablier et redressait son bonnet avec le plus grand soin, quand elle voyait venir le vicaire ; elle lui faisait sa plus profonde révérence, et à chaque Noël elle avait un beau dindon à lui envoyer avec ses « devoirs ». Dans leurs conversations les plus banales avec M. Gilfil, vous auriez remarqué que les hommes, tout comme les femmes, prenaient garde à ce qu’ils disaient et n’étaient jamais indifférents à son approbation.

Le même respect l’accompagnait dans ses fonctions ecclésiastiques. On supposait les avantages du baptême liés en quelque sorte à la personnalité de M. Gilfil ; car une distinction métaphysique entre un homme et ses fonctions était tout à fait étrangère à l’esprit d’un bon habitué d’église à Shepperton, distinction qui, seulement supposée, aurait senti la dissidence. Miss Selina Parrot renvoya son mariage d’un mois entier, lorsque M. Gilfil eut une attaque de rhumatisme, plutôt que d’être mariée d’une manière différente par le pasteur de Milby.

« Nous avons entendu un très bon discours ce matin » ; voici la remarque qu’on exprimait fréquemment après avoir assisté à l’un des vieux sermons pris dans le tas, écouté d’autant plus religieusement qu’on l’entendait pour la vingtième fois ; car, sur des esprits du niveau de ceux de Shepperton, c’est la répétition et non la nouveauté qui produit le plus d’effet ; et les paroles, tout comme les avis, prennent du temps pour se mettre à l’aise dans le cerveau.