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d’accomplir leur longue marche à travers les sentiers boueux et de se trouver ponctuellement à leurs places à deux heures, alors que M. Oldinport et lady Felicia, pour qui l’église de Knebley était une sorte de chapelle de famille, recevaient les saluts et révérences de leurs tenanciers, en se rendant à leur banc sculpté et surmonté d’un dais, et répandaient autour d’eux un parfum de roses, peu apprécié par les nerfs olfactifs de la congrégation.

Les femmes et les enfants des fermiers prenaient place sur les sombres bancs de chêne ; mais les maris choisissaient ordinairement une position plus digne, en occupant une stalle sous l’un des douze apôtres, où, lorsque les prières et les réponses alternatives avaient fait place à la monotonie du sermon, on pouvait voir et entendre les « paterfamilias » céder à une douce somnolence, dont ils se réveillaient régulièrement au moment de l’exhortation finale. Puis ils reprenaient leur route à travers les sentiers boueux, peut-être aussi bien disposés par ce tribut hebdomadaire d’adoration à ce qu’ils connaissaient sur le bon et le juste, que beaucoup de congrégations plus attentives et plus avancées de notre époque.

M. Gilfil avait aussi, pendant les dernières années de sa vie, pris l’habitude de revenir chez lui aussitôt après le service, car il avait renoncé à dîner à Knebley Abbey le dimanche, ayant eu, je suis fâché de le dire, une querelle très vive avec M. Oldinport, le cousin et prédécesseur de M. Oldinport qui florissait au temps du Rév. Amos Barton. Cette querelle était fâcheuse, car tous les deux avaient passé ensemble de bonnes journées de chasse, lorsque, plus