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d’été de son service à Knebley, trouva assise dans un fossé desséché près de sa chaumière, ayant à côté d’elle un gros porc, qui, avec la confiance résultant d’une amitié parfaite, était couché, la tête sur les genoux de sa maîtresse, ne faisant d’autre effort pour se rendre agréable qu’un grognement de temps à autre.

« Vraiment, madame Fripp, dit le Révérend, je ne savais pas que vous eussiez un si beau porc. Vous aurez de fameuses tranches de lard à Noël.

— Dieu m’en préserve ! Mon fils me l’a donné il y a deux ans, et depuis il m’a toujours tenu compagnie. Je n’aurais jamais le cœur de m’en séparer, dussé-je ne plus connaître le goût du lard.

— Mais comment pouvez-vous continuer à nourrir un cochon pour n’en rien retirer ?

— Oh ! il trouve toujours à fouiller parmi les racines, et je ne crains pas de me priver pour lui. Nous mangeons et buvons ensemble ; il me suit et grogne quand je lui parle, tout comme s’il était une personne. »

M. Gilfil rit, et je suis obligé de reconnaître qu’il dit adieu à dame Fripp, sans lui demander pourquoi elle n’avait pas été à l’église, ni sans faire le moindre effort pour son édification spirituelle. Mais le jour suivant il lui envoya son domestique, David, avec un gros morceau de porc et l’ordre de lui dire que le pasteur voulait être sûr qu’elle connaîtrait encore le goût du lard. Aussi, lorsque M. Gilfil mourut, dame Fripp montra sa reconnaissance ainsi que je viens de le dire.

Vous avez pu conclure de cela que ce vicaire ne brillait pas dans les fonctions spirituelles de sa place,