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nement arrivé quelques années auparavant et qui, je suis fâché de le dire, avait laissé cette vieille femme malpropre plus indifférente que jamais aux moyens d’obtenir la grâce. De son état, dame Fripp posait des sangsues et avait la réputation d’avoir une si remarquable influence sur ces capricieuses bêtes pour les amener à mordre, malgré les circonstances les plus défavorables, que, quoiqu’on refusât généralement ses sangsues à elle, on l’appelait constamment pour poser les individus plus vivaces fournis par la pharmacie de M. Pilgrim, lorsqu’un des patients solvables de cet habile homme était attaqué d’une inflammation. Aussi dame Fripp, en dehors d’une « propriété » qu’on supposait devoir lui rapporter au moins une demi-couronne par semaine, exerçait encore une profession dont le produit était vaguement estimé par ses voisins devoir s’élever à des « livres et des livres ». En outre, elle s’adonnait à un petit commerce de sucre d’orge pour les gamins épicuriens, auxquels on faisait payer cette douceur le double de son prix réel. Toutefois, malgré toutes ces sources notoires de revenu, cette vieille femme criait constamment misère et demandait les restes chez Mme Hackit, qui, tout en disant que cette Fripp en valait deux pour la fausseté et n’était rien de mieux qu’une avare et une païenne, avait un certain faible pour elle, à titre d’ancienne voisine. « Voici cette vieille endurcie qui vient encore demander les feuilles de thé, aurait dit Mme Hackit, et je suis assez sotte pour les lui donner, quoique Sally en ait besoin pour balayer le tapis. »

Telle était cette dame Fripp que M. Gilfil, revenant lentement à cheval par un chaud dimanche