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Amos s’avançait maintenant vers le tertre chéri qu’il allait quitter, peut-être pour toujours. Il resta quelques minutes à lire et relire les mots de la pierre sépulcrale, comme pour s’assurer que tout ce passé heureux et malheureux était une réalité. Car l’amour s’effraye des moments d’insensibilité et d’indifférence qui s’introduisent peu à peu dans le domaine de l’affliction, et il s’efforce de rappeler la vivacité de la première angoisse.

Par degrés, comme ses yeux s’arrêtaient sur les mots « Amélie, la femme bien-aimée », des flots d’amertume gonflèrent son cœur ; il se jeta sur la tombe, qu’il entoura de ses bras, en baisant le froid gazon.

« Milly, Milly, m’entends-tu ? Je ne t’ai point assez aimée, je n’ai pas été assez tendre pour toi, mais il est trop tard maintenant. »

Les sanglots vinrent arrêter ses paroles, et de chaudes larmes inondèrent son visage.