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de sa nouvelle splendeur ; M. Barton se remit à ses devoirs de paroisse avec une nouvelle énergie. Mais un matin, c’était un matin très brillant, et les mauvaises nouvelles aiment quelquefois à voler par le beau temps, il arriva pour M. Barton une lettre dont l’adresse était de l’écriture du vicaire titulaire de Shepperton. Amos l’ouvrit avec inquiétude et une sorte de pressentiment. La lettre annonçait que M. Carpe s’était décidé à venir résider lui-même à Shepperton, et qu’en conséquence les devoirs de M. Barton, comme pasteur de cette paroisse, allaient prendre fin.

Oh ! quelle douloureuse perspective ! au moment même où Shepperton était devenu l’endroit où il désirait le plus rester, où il avait des amis qui connaissaient ses chagrins, où il vivait près de la tombe de Milly, étant de ces hommes qui s’attachent à tout ce qui peut matériellement relier leur esprit au passé. Son imagination n’était pas vive et avait besoin d’être aidée par les sensations présentes.

Il éprouva un sentiment d’amertume à la pensée que le désir de M. Carpe de résider à Shepperton n’était qu’un prétexte pour l’éloigner, afin de pouvoir plus tard donner la cure à son beau-frère, que l’on savait en quête d’une nouvelle position.

Enfin, il fallait se soumettre et, sans perdre de temps, s’occuper de chercher une autre cure. Après quelques mois, Amos dut renoncer à l’espoir de trouver près de Shepperton une paroisse, et il se décida à en accepter une dans un comté éloigné. Cette paroisse était dans une grande ville manufacturière, où ses promenades devaient se restreindre à des rues bruyantes et à de sombres allées, et où