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comme si son amour même avait besoin qu’on lui pardonnât sa pauvreté et son égoïsme.

Aucune consolation extérieure ne put contrebalancer l’amertume de ce chagrin. Mais la consolation intérieure vint s’offrir. Des visages froids redevinrent bienveillants, et les paroissiens cherchèrent dans leur tête ce qu’ils pourraient faire de mieux pour aider leur pasteur. M. Oldinport lui écrivit pour lui exprimer sa sympathie et joignit à sa lettre un autre billet de vingt livres, en priant M. Barton de lui permettre de contribuer ainsi à soulager son esprit des inquiétudes pécuniaires, accablé qu’il était d’une douleur que tous ses paroissiens devaient partager. Il lui offrait en outre ses services pour placer ses deux filles aînées dans un pensionnat fondé expressément pour les filles de ministres. M. Cleves réussit à obtenir trente livres de ses confrères ecclésiastiques plus riches, et, y ajoutant lui-même dix livres, il envoya la somme à Amos avec les expressions les plus délicates de confraternité chrétienne et d’amitié virile. Miss Jackson oublia ses anciens griefs et vint passer quelques mois avec les enfants de Milly, apportant autant d’aide matérielle qu’elle pouvait en tirer de son petit revenu. Tels furent les secours réels qui soulagèrent Amos du poids des embarras d’argent ; et les attentions amicales, les regards affectueux qu’il rencontrait partout dans sa paroisse, lui faisaient sentir que le froid glacial qui avait accueilli ses devoirs pastoraux pendant le séjour de la comtesse à la cure était complètement dissipé, et que les cœurs de ses paroissiens lui étaient rendus.

Personne ne murmurait le nom de la comtesse, maintenant ; car le souvenir de Milly sanctifiait son