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solennel pourrait leur rester, même au petit Walter, et confirmer ce qu’il pourrait entendre dire plus tard de sa chère maman. Il conduisait lui-même Patty et Dickey, puis venaient Sophy et Fred ; M. Brand avait demandé à porter Chubby, et Nanny suivait avec Walter. Ils firent cercle autour de la fosse, tandis qu’on descendait le cercueil. Seule des cinq enfants, Patty comprenait que maman y était renfermée et qu’une vie nouvelle et plus triste commençait pour son père et pour elle-même. Elle était pâle et tremblante, mais elle serra les mains plus fortement à mesure que le cercueil descendait, et ne laissa échapper aucun sanglot. Fred et Sophy, de deux ou trois ans plus jeunes, quoiqu’ils eussent vu leur mère dans le cercueil, pensaient assister à quelque spectacle étrange. Ils n’avaient pas encore appris à déchiffrer cette terrible énigme de la destinée humaine : la maladie et la mort. Dickey s’était révolté contre ses vêtements noirs ; on lui dit que ce serait désobéir à sa maman que de ne pas les mettre, et il se soumit aussitôt ; et maintenant, quoiqu’il eût entendu Nanny dire que sa mère était dans le ciel, il avait l’idée vague qu’elle reviendrait le lendemain lui dire qu’il avait été sage et qu’elle lui laisserait vider sa boîte à ouvrage. Il restait à côté de son père avec ses belles joues roses et ses yeux bleus grands ouverts, regardant tantôt M. Cleves et tantôt le cercueil et pensant déjà qu’il pourrait jouer avec Chubby à ce jeu-là, quand ils seraient à la maison.

L’enterrement terminé, Amos rentra avec ses enfants dans sa maison, cette maison où, une heure auparavant, se trouvait le corps chéri de Milly, où