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Il ne put achever ; Mme Hackit le comprit et dit : « J’enverrai le domestique avec le cabriolet ».

Elle sortit pour en donner l’ordre et rencontra le docteur et M. Brand qui partaient. M. Brand lui dit : « Je suis bien content de vous voir ici, madame Hackit. Il ne faut point perdre de temps pour envoyer chercher les enfants. Mme Barton désire les voir.

— La croyez-vous tout à fait perdue ?

— Elle passera à peine la nuit. Elle nous a priés de lui dire combien de temps elle avait encore à vivre, puis elle a demandé les enfants. »

Le cabriolet partit et Mme Hackit, retournant vers M. Barton, lui dit qu’elle aimerait à monter. Il la précéda et lui ouvrit la porte. La chambre donnait à l’ouest ; le soleil se couchait, et sa lumière rouge tombait en plein sur le lit où Milly était étendue, la main de la mort s’appesantissant visiblement sur elle. Le lit de plume avait été enlevé, et on l’avait couchée sur un matelas bas, la tête légèrement relevée par les oreillers. Son cou blanc et amaigri semblait contracté par de pénibles efforts ; ses traits étaient pâles et ses yeux fermés. Il n’y avait dans la chambre que la garde et la maîtresse de l’école libre, qui était venue offrir son aide dès que le mal s’était aggravé.

Amos et Mme Hackit étaient debout devant le lit. Milly ouvrit les yeux.

« Ma chérie, c’est Mme Hackit qui est venue vous voir. »

Milly sourit et la regarda de ce regard étrange et éteint dont la vie va s’envoler.

« Les enfants viennent-ils ? dit-elle avec peine.

— Oui, ils vont être ici. »

Elle referma les yeux.