Page:Eliot - Scenes de la vie du clerge - Barton Gilfil.pdf/107

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

chevaux, qu’elle reconnut pour celle du Dr Madeley, le médecin de Rotherby. Elle entra par la cuisine, pour éviter de frapper et pour interroger Nanny. Elle n’y trouva personne ; mais, en passant, elle vit la porte du salon ouverte et Nanny qui, tenant Walter dans ses bras, enlevait les couverts restés sur la table sans avoir servi.

« Le maître dit qu’il ne peut pas dîner, furent les premiers mots de Nanny. Il n’a pas pris la moindre chose depuis hier matin, excepté une tasse de thé.

— Quand votre maîtresse a-t-elle été plus mal ?

— Lundi soir. On a été chercher le Dr Madeley hier au milieu du jour, et il est de nouveau ici à présent.

— L’enfant vit-il ?

— Non ; il est mort hier au soir. Les enfants sont chez Mme Bond. Elle est venue et les a emmenés hier, mais le maître dit qu’il faudra les aller chercher bientôt. Il est en haut avec le Dr Madeley et M. Brand. »

En cet instant, Mme Hackit entendit le bruit d’un pas lourd et lent dans le corridor ; et bientôt Amos Barton entra les yeux hagards et la barbe non faite. Il s’attendait à trouver le salon vide, comme il l’avait laissé, sans que ses yeux rencontrassent autre chose que le panier à ouvrage de Milly dans un coin et les jouets des enfants pêle-mêle, dans le bow-window. Mais, en voyant Mme Hackit, dont les traits exprimaient une douleur sympathique, la source comprimée de ses pleurs jaillit ; il se jeta sur le sofa, se cacha le visage et sanglota hautement.

« Du courage, monsieur Barton, se hasarda enfin à dire Mme Hackit, du courage, pensez à ses chers enfants.

— Les enfants, dit Amos en se levant d’un bond. Il faut les envoyer chercher. Milly désirera… »