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au maître d’école, qui de son côté communiqua la nouvelle à l’hôte des Gais Mineurs, après la classe du matin. Nanny fit part de cet heureux événement au laquais de M. Farquhar, qui par aventure vint apporter une lettre, et M. Brand la communiqua à tous les malades qu’il visita dans cette matinée, après avoir vu Mme Barton. En sorte qu’avant le dimanche on sut dans toute la paroisse de Shepperton que la comtesse Czerlaska avait quitté la cure.

La comtesse était partie ; mais, hélas ! les notes qu’elle avait contribué à enfler restaient, de même que le mauvais état des vêtements des enfants, conséquence indirecte de sa présence ; de même que la froideur des paroissiens, que ce départ ne pouvait dissiper subitement. Le Rév. Amos ne fut pas disculpé, le passé ne fut point effacé. Mais le pire de tout, c’est que la santé de Milly donna de fréquentes alarmes, et la naissance prochaine d’un enfant était assombrie par plus de craintes qu’à l’ordinaire. Cette naissance arriva prématurément six semaines environ après le départ de la comtesse : M. Brand tranquillisa toutes les personnes qui le questionnèrent à ce sujet le jour suivant, qui était un samedi. Le dimanche, après le service du matin, Mme Hackit vint à la cure pour avoir des nouvelles et fut invitée à monter ; Milly, couchée et charmante malgré sa pâleur, tendit la main à Mme Hackit avec un sourire radieux. Cela lui était doux de voir son ancienne amie cordiale comme auparavant. L’enfant de sept mois était très chétif et très rouge, mais on déclara qu’il allait très bien, et Mme Hackit retourna chez elle, le cœur réjoui de penser que l’heure dangereuse était passée.