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— Oh non ! dit Milly, qui sentit un poids enlevé de ses épaules. Je serai bien dans une heure ou deux ; je me sens beaucoup mieux maintenant. Vous avez besoin de moi pour vous aider à faire vos malles. Mais vous ne partirez pas avant deux ou trois jours.

— Il faut que je parte demain. Mais vous ne m’aiderez point ; ce ne serait pas raisonnable. Tenez-vous tranquille. On attend M. Brand, à ce que dit Nanny ? »

Cette nouvelle ne causa point à M. Barton, quand il rentra, une surprise désagréable ; cependant il témoigna autant de regrets qu’en purent exprimer les lèvres de Milly. Il sentait qu’il allait être délivré d’une situation embarrassante de la manière la plus facile. Ni lui ni Milly ne soupçonnèrent Nanny d’avoir tranché la difficulté, car la comtesse eut grand soin de n’en rien laisser deviner. Quant à Nanny, parfaitement convaincue de la relation entre la cause et l’effet, elle pouffait de rire en secret de son impertinence comme du meilleur ouvrage qu’elle eût jamais fait.

Le vendredi matin on put voir stationner devant la porte de la cure une calèche chargée des malles de la comtesse ; et, bientôt après, cette dame y monta elle-même. Après un dernier serrement de mains de M. Barton et les derniers adieux à Milly et aux enfants, la portière fut refermée ; et comme la calèche s’éloignait, les habitants de la cure purent apercevoir une dernière fois la belle comtesse se penchant en dehors de la voiture et leur envoyant des baisers. On vit aussi le petit museau noir de Jet, qui sans doute avait aussi ses pensées et ses sentiments à cette occasion ; mais il les garda strictement pour lui-même.

La maîtresse de l’école en face de la cure assista à ce départ et ne perdit point de temps pour le dire