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chrétien, qu’une sœur devait s’apaiser, que M. Bridmain devait éprouver le besoin de ses conseils, auxquels il avait été habitué pendant trois ans ; que très probablement cette « femme » ne le rendait pas heureux. Dans cette agréable disposition d’esprit, elle écrivit une épître très conciliante, qu’elle adressa à M. Bridmain par le moyen de son banquier.

Un autre esprit travaillé au plus haut degré était celui de Nanny, la bonne à tout faire, qui avait le cœur chaud et le caractère bouillant. Elle adorait sa maîtresse, dont on l’avait entendu dire qu’elle « était prête à baiser les pas » ; et elle regardait Walter comme « son » bébé à elle. Elle avait d’emblée montré peu d’admiration pour la comtesse Czerlaska. Cette dame, au point de vue de Nanny, était une personne toujours « attifée » et dont la présence avait pour résultat principal de donner des lits de plus à faire, de l’eau chaude à porter, une nappe à mettre et des dîners à cuire. C’était une irritation perpétuelle pour Nanny de penser qu’elle et sa maîtresse étaient plus que jamais esclaves, parce qu’il y avait cette belle dame dans la maison.

« Elle ne paye rien non plus pour ça, faisait observer Nanny à M. Jacob Tomms, jeune monsieur, tailleur de profession, qui de temps en temps, pour le simple plaisir de causer, entrait le soir à la cuisine de la cure. Le maître est plus à court d’argent que jamais, et sa présence n’aide en rien au ménage ; en outre, on est obligé d’avoir constamment une femme de peine pour nous aider.

— On fait de jolies histoires sur son compte dans le village, dit M. Tomms. On dit que master Barton en tient joliment pour elle : sinon elle ne resterait pas ici.