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de Crobsley, qui est un aussi bon praticien de province qu’aucun des autres ; et pour toutes les opérations exceptionnelles, Protherœ viendra de Brassing. Il faudra que je travaille davantage, voilà tout ; et j’ai déjà renoncé à ma place à l’hospice. Le plan réussira en dépit des autres, et alors ils seront heureux d’y entrer. Les choses ne peuvent pas durer comme elles sont : il y a quantité de réformes urgentes ; et puis il se trouvera peut-être des jeunes gens qui seront heureux de venir étudier ici. Lydgate était plein d’ardeur.

— Je ne reculerai pas, vous pouvez y compter, monsieur Lydgate, répondit M. Bulstrode. Tant que je vous verrai apporter votre énergie à l’exécution d’intentions élevées, vous aurez mon appui qui ne faiblira point. Et j’ai l’humble confiance que la grâce divine, qui a jusqu’ici secondé mes efforts contre l’esprit du mal en cette ville, ne me sera pas retirée. Je ne doute pas de pouvoir me procurer des directeurs capables de m’aider. M. Brooke, de Tipton, m’a déjà offert son concours avec la promesse de contribuer annuellement de sa bourse : il n’a pas spécifié la somme, — elle ne sera probablement pas forte. Mais ce sera un membre utile dans le conseil.

Un membre utile, cela voulait peut-être dire un homme qui ne proposerait jamais rien de nouveau et voterait toujours avec Bulstrode.

L’aversion des médecins pour Lydgate ne se déguisait plus guère. Ni le docteur Sprague, ni le docteur Minchin ne se posaient en adversaires de la science et des idées de Lydgate pour l’amélioration du traitement médical : ce qu’ils n’aimaient pas, disaient-ils, c’était son arrogance que personne ne pouvait nier. Ils donnaient à entendre qu’il était insolent, prétentieux, ne se jetait dans les innovations inutiles que par amour du bruit et de l’étalage, en pur charlatan.