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sermon qui vient à la place. Faut-il vous prêcher un sermon ? demanda-t-il en mettant ses lunettes et en pinçant les lèvres.

— Oui, dit Louisa en hésitant.

— Voyons un peu : contre les gâteaux ? comment les gâteaux ne valent rien quand ils sont sucrés et qu’il y a dedans des raisins de Corinthe ?

Louisa prit la chose presque au sérieux et descendit des genoux du vicaire pour aller vers Fred.

— Oh ! je vois que cela ne va pas, de prêcher un jour de l’an, dit M. Farebrother, se levant et s’éloignant. Il s’était aperçu dernièrement que Fred devenait jaloux de lui et que lui-même préférait toujours Mary à toutes les autres femmes.

— Quelle charmante jeune personne que cette miss Garth ! dit mistress Farebrother qui avait observé tous les mouvements de son fils.

— Oui, dit mistress Vincy, obligée de répondre à la vieille dame qui se tournait de son côté comme pour attendre sa réplique. Il est dommage qu’elle ne soit pas plus jolie.

— Je ne dirai pas cela ; j’aime sa physionomie. Il ne faut pas toujours exiger la beauté, là où le bon Dieu s’est contenté de faire une excellente jeune femme. Quant à moi, j’estime les bonnes mœurs plus encore que la beauté, et miss Garth saura se conduire dans toutes les circonstances de la vie.

La vieille dame prononça ces mots d’un ton un peu tranchant, car ils avaient dans sa pensée un rapport futur avec le fait que Mary deviendrait un jour sa belle-fille ; la situation de Mary vis-a-vis de Fred avait cet inconvénient qu’on ne pouvait guère la rendre officielle. Aussi les trois dames du presbytère de Lowick espéraient-elles encore que Camden choisirait miss Garth.

Il arriva du monde, et le salon fut livré à la musique