sont attirés par une si ravissante surface de fleurs et de verdure.
Dix-huit mois auparavant Lydgate était pauvre, mais il n’avait jamais connu le besoin pressant de petites sommes et il regardait même avec un profond mépris ceux qui sacrifiaient de leur dignité pour s’en procurer. Il expérimentait maintenant quelque chose de pire qu’un simple déficit : il se voyait assailli par les vulgaires et odieuses épreuves d’un homme qui a acheté une quantité de choses dont il aurait pu se passer et qu’il lui est impossible de payer.
Il est facile de se rendre compte comment il en était arrivé là, sans beaucoup d’arithmétique ou de connaissance du prix des choses. Si un homme, en se mariant et en montant sa maison, s’aperçoit que son mobilier et les autres dépenses de fond dépassent de quatre cents à cinq cents livres le capital dont il dispose pour les payer, s’il se trouve en fin d’année que ses dépenses de ménages, chevaux, etc., se montent à un millier de livres, tandis que les produits de la clientèle, évalués d’après les vieux livres de compte, à huit cents livres par an, ont baissé comme un étang en été, et arrivent à peine à cinq cents, consistant principalement en comptes non réglés, la conclusion évidente, qu’il s’en soucie ou non, c’est qu’il est endetté. La vie était alors moins chère qu’elle ne l’est aujourd’hui, et la vie de province comparativement modeste. Mais un médecin dont la clientèle est récente, la table toujours abondamment servie, qui s’est cru obligé d’entretenir deux chevaux, qui paye une assurance sur la vie et un loyer élevé pour sa maison et son jardin, n’a pas de peine à arriver à un chiffre de dépenses double de ses recettes.
Rosemonde, habituée, depuis son enfance à un train de maison extravagant, pensait que la bonne direction d’un ménage consiste simplement à commander en toutes choses ce qu’il y a de meilleur, — rien d’autre « ne convenait ».
Lydgate pensait de même que, du moment qu’on faisait les