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fenêtre les rosiers, qui lui semblaient avoir en eux les étés et les fleurs de toutes les années que Will passerait loin d’elle. Ce n’était pas une conduite bien prudente. Mais Dorothée ne pensait jamais à étudier son attitude. Elle ne songeait qu’à s’incliner devant la triste nécessité qui la séparait de Will. Les premiers mots qu’il avait dits de ses intentions avaient paru tout expliquer pour elle ; elle pensa qu’il n’ignorait rien de toute la conduite de M. Casaubon envers lui et de ses dispositions dernières, et qu’il en avait ressenti le même choc qu’elle-même. Il n’avait jamais éprouvé pour elle autre chose que de l’amitié, il n’avait jamais rien eu en tête qui justifiât ce qui lui semblait de la part de son mari un outrage à leurs sentiments communs : et cette amitié, il la ressentait encore. Quelque chose qu’on pourrait appeler un sanglot intérieur et silencieux passa dans le cœur de Dorothée, avant qu’elle pût reprendre, de sa voix pure un peu tremblante vers la fin sans qu’on pût l’attribuer à autre chose qu’à la flexibilité fluide de sa voix :

— Oui, vous aurez raison, sans doute, de faire comme vous dites, et je serai bien heureuse d’apprendre que votre mérite est reconnu et apprécié dans le monde. Mais il faudra de la patience ; cela pourra durer bien longtemps.

Will ne sut jamais bien quelle force l’empêcha de tomber aux pieds de Dorothée, quand ce « bien longtemps » s’échappa de ses lèvres avec son doux tremblement. Sans doute l’horrible noir et l’aspect de sa grande robe de crêpe. Cependant, il resta assis immobile et dit seulement :

— Je n’entendrai plus jamais parler de vous, et vous m’oublierez tout à fait.

— Non, repartit Dorothée. Je ne vous oublierai jamais. Je n’ai jamais oublié une personne que j’aie une fois connue. Ma vie a toujours été plutôt solitaire et semble devoir rester solitaire encore, et j’ai beaucoup de temps à consacrer au souvenir, à Lowick, n’est-il pas vrai ? Elle sourit.