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pable d’envisager notre position mutuelle exactement au même point de vue que vous. Tout en reconnaissant pleinement votre généreuse conduite envers moi dans le passé, je dois maintenir pourtant que des obligations de cette nature ne peuvent raisonnablement m’enchaîner, comme vous semblez vous y attendre. Je veux bien que les désirs d’un bienfaiteur puissent constituer un droit ; il n’en doit pas moins y avoir une restriction à assigner à la nature de ces désirs. Ils peuvent parfois se trouver en opposition avec des considérations plus impérieuses. Sans quoi, le veto d’un bienfaiteur pourrait imposer sur toute la vie d’un homme une telle négation qu’il en résulterait pour lui un vide plus cruel que le bienfait n’a été généreux. Je ne fais ici qu’accentuer une comparaison. Dans le cas présent, je suis incapable de considérer à votre point de vue la portée que mon acceptation d’un emploi non lucratif mais parfaitement honorable pourrait avoir sur votre position, qui me paraît trop substantielle pour être affectée d’une aussi vague façon. Bien qu’aucun changement, je pense, ne doive se produire dans nos rapports (certainement il ne s’en est pas produit jusqu’ici), qui annulerait les obligations que je vous ai pour le passé, pardonnez-moi de ne pas me sentir empêché par ces obligations, d’user de la liberté commune de vivre où bon me semble et de gagner mon pain dans toute occupation honnête que je voudrai choisir.

» En regrettant qu’il existe cette divergence entre nous relativement à des rapports dans lesquels tous les bienfaits sont venus de votre côté, je reste toujours, votre obligé,

» WILL LADISLAW

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Le pauvre M. Casaubon sentit (et ne devons-nous pas sentir avec lui, si nous avons de l’impartialité) que personne n’avait de plus juste motif que lui de dégoût et de soupçon. Le jeune Ladislaw, il en était sûr, voulait le