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SCÈNES DE LA VIE DU CLERGÉ

ville. Tout poltron peut engager une bataille où il est assuré de vaincre, mais trouvez-moi l’homme qui ait le courage de combattre quand il est sûr de perdre. C’est ma manière, monsieur ; et il y a bien des victoires qui ne valent pas une défaite, comme M. Tryan l’apprendra à ses dépens.

— Ce doit être, dit Tomlinson, une pauvre espèce d’invalide, que cet évêque, pour s’accorder avec un misérable méthodiste comme ce Tryan. Quant à moi, je crois que nous pourrions très bien nous passer d’évêques, s’ils ne sont pas plus habiles que ça. À quoi sert qu’ils touchent mille livres par an et qu’ils vivent dans un palais, s’ils ne soutiennent pas l’Église ?

— Voilà que vous sortez de la question, Tomlinson, dit Dempster. Personne ne m’entendra dire un mot contre l’épiscopat : c’est la sauvegarde de l’Église ; il faut que nous ayons là des positions et des dignités, aussi bien que partout ailleurs. Non, monsieur. L’épiscopat est une bonne chose ; mais il peut arriver qu’un évêque n’en soit pas une. De même que l’eau-de-vie est une bonne chose, quoique cette bouteille-ci soit anglaise et ait le goût d’eau de pluie recueillie par la cheminée. Ici, Ratcliffe, donnez-moi à boire quelque chose qui ressemble un peu moins à une décoction de sucre et de suie.

— Je n’ai rien dit contre l’épiscopat, répliqua M. Tomlinson. J’ai seulement dit que nous