Page:Eliot - La Conversion de Jeanne.djvu/79

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
75
LA CONVERSION DE JEANNE

dentelle, cette abondance de cheveux noirs si soigneusement lissés maintenant et qui font un contraste brillant avec les rubans de satin blanc de son chapeau. Aucune autre femme n’a ce doux sourire expressif, qu’accompagne le signe de tête qu’elle fait à Jonathan Lamb, le vieux clerc de la paroisse. À présent qu’elle s’approche, voilà autour de la bouche et des yeux ces tristes rides, sur lesquelles joue ce doux sourire, comme les rayons du soleil sur la beauté des épis battus par l’orage.

Elle tourne la rue du Verger et se rend, aussi vite qu’elle peut, à la maison de sa mère, un agréable cottage situé devant une prairie dont le foin vient d’être enlevé. Mme Raynor a fini de déjeuner ; elle est assise à lire dans son fauteuil lorsque Jeanne ouvre la porte et dit de sa voix la plus enjouée : « Chère mère, je viens me montrer à vous avant d’aller à la cure. Ai-je mis mon chapeau de manière à vous satisfaire ? »

Mme Raynor regarda par-dessus ses lunettes, et ses yeux se rencontrèrent avec ceux de sa fille, dans une même expression d’affectueuse tendresse. Elle était beaucoup plus petite que Jeanne, et ses traits plus mignons ; leur principale ressemblance consistait dans leurs yeux et leur teint clair de brunes. Les cheveux de la mère avaient blanchi depuis longtemps et étaient réunis sous un bonnet soigné, comme tous ceux qui sortaient de ses doigts habiles.