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SCÈNES DE LA VIE DU CLERGÉ

avant que miss Townley entrât, pour distribuer un café léger, sa chevelure excita une si forte sensation, qu’Ellen Marriott fut à la fin amenée à la regarder et à dire avec une ironie contenue, mais d’autant plus amère : « Est-ce la tête de miss Gardner ? — Oui, dit Maria, aimable et hésitante, et incapable de contredire Ellen. C’… c’… c’est ma tête. — En ce cas, je ne l’admire pas du tout ! » fut l’écrasante sentence d’Ellen, suivie d’un murmure d’approbation de ses amies. Les jeunes demoiselles épuisent leur sac de venin à la pension ; c’est pour cela qu’elles sont si bienveillantes les unes pour les autres pendant le reste de leur existence.

La seule autre candidate à la confirmation dans le pensionnat de miss Townley était Marie Dunn, fille d’un marchand de draps de Milby et parente éloignée des miss Linnet. Ses cheveux lisses ne pouvaient jamais se tourner en boucles permanentes, et, ce matin-là, la chaleur les avait, plus tôt que de coutume, ramenés à leur état naturel d’allongement. Mais ce n’était point ce qui la faisait s’asseoir d’un air mélancolique au bas bout de la table. Ses parents étaient admirateurs de M. Tryan, et l’influence des miss Linnet les avait amenés à insister auprès de lui pour qu’il la préparât à la confirmation, en sus de la préparation faite par M. Crewe pour les élèves de miss Townley. Pauvre Marie Dunn ! Je crains qu’elle ne trouvât que c’était payer bien cher ces