Page:Eliot - La Conversion de Jeanne.djvu/55

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
51
LA CONVERSION DE JEANNE

une teinte dorée plus brillante. La porte du jardin s’ouvrit, et miss Linnet, assise à sa petite table près de la fenêtre, vit entrer M. Tryan.

« Voici M. Tryan », dit-elle, et ses joues pâles s’animèrent d’une légère rougeur, qui l’aurait fait paraître plus attrayante pour chacun, excepté pour miss Élisa Pratt, dont les beaux yeux gris laissaient passer peu de choses sans les observer. « Marie Linnet devient de plus en plus amoureuse de M. Tryan, pensa miss Élisa ; cela fait pitié de voir de tels sentiments chez une femme de son âge, avec ses boucles de vieille fille. Je crois qu’elle se flatte que M. Tryan deviendra amoureux d’elle, parce qu’il l’emploie auprès des pauvres gens. » Tout en pensant ainsi, miss Élisa, qui baissait sa belle tête et ses grosses boucles sur son ouvrage, avec un calme apparent, sentit une violente agitation intérieure lorsqu’elle entendit frapper à la porte. Rébecca eut moins d’empire sur elle-même. Elle se sentit trop agitée pour continuer son collage et serra le pied de la table pour dominer le tremblement de ses mains.

Pauvres cœurs de femmes ! Le ciel me préserve de rire de vous et de faire des plaisanteries sur vos impressions à l’égard des ecclésiastiques, comme s’il ne s’y trouvait rien de plus profond ou de plus aimable que la simple quête ordinaire d’un mari. Même dans nos jours éclairés, plus d’un ministre qui, considéré abstraitement, n’est