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SCÈNES DE LA VIE DU CLERGÉ

est certainement très excusable. Quand une femme ne peut attendre le retour de son mari à la maison sans trembler, cela suffit pour l’entraîner à boire quelque chose qui lui donne du courage, — et point d’enfants pour l’en empêcher. Vous et moi, nous ferions peut-être la même chose, si nous étions à sa place.

— Parlez pour vous, madame Pettifer, dit miss Pratt. Je ne puis imaginer aucune circonstance qui pût me faire recourir à un moyen aussi dégradant. Une femme doit trouver un soutien dans sa force d’âme.

— Je crois, dit Rébecca, qui considérait miss Pratt comme très aveugle encore pour les choses spirituelles, malgré ses prétentions à la clarté, je crois qu’elle trouvera peu de soutien si elle se fie à sa propre force. Il faut qu’elle cherche le secours ailleurs qu’en elle-même. »

Heureusement qu’on vint enlever le service à thé, ce qui aida miss Pratt à réprimer son ressentiment contre la présomption de Rébecca de la corriger, — une personne comme Rébecca Linnet ! qui, six mois auparavant, était aussi légère et vaine que pas une, — si peu préoccupée du malheureux état de sa propre personnalité !

Ces dames étaient à peine occupées à leur ouvrage depuis une heure, que le soleil se coucha et les nuages, qui panachaient le ciel jusqu’au zénith, prirent de moment en moment