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LA CONVERSION DE JEANNE

Une profonde instruction, continua miss Pratt, en fermant ses lunettes et en frappant sur le livre devant elle, ne rencontre pas beaucoup de personnes capables de l’apprécier à Milby.

— Miss Pratt, dit Rébecca, donnez-moi, je vous prie, la Force de la vérité de Scott. Là, ce petit livre posé sur la Vie de Legh Richmond.

— Voilà un livre que j’aime beaucoup, la Vie de Legh Richmond, dit Mme Linnet. Il a découvert tout ce qu’il y a de vrai dans l’histoire de cette femme de Tutbury qui prétendait vivre sans manger. Quelle bêtise ! »

Mme Linnet lisait assidûment les livres religieux depuis l’arrivée de M. Tryan ; mais, comme elle avait l’habitude de n’en parcourir que les parties séculières, ce qui en était une très petite proportion, elle pouvait avancer rapidement au milieu d’un grand nombre de volumes. En prenant la biographie d’un célèbre prédicateur, elle allait immédiatement à la dernière feuille, pour voir de quelle maladie il était mort ; s’il avait eu les jambes enflées comme les siennes à elle l’étaient parfois, elle éprouvait un plus vif intérêt à connaître les faits antérieurs de l’histoire de ce ministre hydropique ; s’il était tombé de voiture, s’il s’était marié plus d’une fois, et en général toutes les aventures qu’on lui attribuait avant l’époque de sa conversion. Elle jetait les yeux sur les lettres et journaux, et, partout où elle voyait dominer Sion, le Fleuve de la vie