Page:Eliot - La Conversion de Jeanne.djvu/46

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
42
SCÈNES DE LA VIE DU CLERGÉ

n’était pas nécessaire de faire de grands efforts pour éloigner les gens d’une religion dont une des pratiques consiste à marcher pieds nus sur des pavés de pierre, comme cette fille dans le Père Clément, — ce qui fait terriblement monter le sang à la tête. Tout le monde peut bien voir que c’est une pratique contre nature.

— Oui, dit miss Pratt, mais l’ascétisme n’est pas la racine de l’erreur, comme nous le disait l’autre soir M. Tryan : c’est la négation de la grande doctrine de la justification par la foi. Après toutes mes réflexions sur ce sujet, pendant le cours de ma vie, je dois à M. Tryan d’avoir ouvert les yeux sur l’importance de cette doctrine cardinale de la Réformation. Dès mon enfance j’ai eu un profond sentiment religieux ; mais, dans ma jeunesse, la lumière de l’Évangile fut obscurcie dans l’Église anglicane, malgré notre admirable liturgie ; je ne connais aucune composition humaine plus irréprochable et plus sublime que celle-là. Comme je le dis à Élisa, je n’ai pas eu la grâce qu’elle a, à l’âge de vingt-deux ans, de connaître un ministre qui réunît tout ce qu’il y a de grand et d’admirable dans l’intelligence avec les dons spirituels les plus élevés. Je ne suis point un juge à dédaigner à l’égard de la science, et je vous assure que j’ai sondé M. Tryan par des questions qui sont une véritable pierre de touche. Il est vrai que je l’entraîne quelquefois un peu au delà de la profondeur des autres auditeurs.