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SCÈNES DE LA VIE DU CLERGÉ

sédant non moins de cinq cents volumes, capable, comme le docteur son frère le disait, de soutenir la conversation sur quelque sujet que ce fût, et parfois barbotant un peu dans la composition littéraire, quoiqu’il fût reconnu qu’en se faisant imprimer elle n’avait pas montré toute la puissance de son esprit. Ses Lettres à un jeune homme à son entrée dans la vie et De Courcy, ou la Passion imprudente, histoire pour la jeunesse, n’étaient que des bagatelles qu’elle avait publiées parce qu’elle les avait écrites dans un but d’utilité populaire ; mais ce n’était rien en comparaison de ce qu’elle conservait en manuscrit depuis des années. Sa dernière production était « six stances », adressées au Rév. Edgar Tryan, imprimées sur papier glacé, avec une jolie bordure, et commençant par ces mots : « En avant, jeune athlète de la vérité ».

Miss Pratt ayant dirigé la maison de son frère pendant son long veuvage, sa nièce, miss Élisa, avait eu l’avantage d’être élevée par elle et de se saturer d’une très forte antipathie pour tous les goûts et pour toutes les opinions de cette femme remarquable. La belle et silencieuse jeune fille de vingt-deux ans qui recouvre les Mémoires de Félix Neff, est miss Élisa Pratt ; et la petite dame âgée, habillée sans goût, qui travaille si diligemment, est Mme Pettifer, veuve très estimée à Milby, respectable personne fort utile dans une maison en cas de maladie, et de