Page:Eliot - La Conversion de Jeanne.djvu/34

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
30
SCÈNES DE LA VIE DU CLERGÉ

lement à présent, quand la marée allait redescendre, que les retardataires en recevaient les éclaboussures. M. Tryan était le premier ministre évangélique qui se fût levé sur l’horizon de Milby ; jusque-là cet adjectif inquiétant était resté inconnu aux habitants, comme dans toute ville un peu comme il faut ; et il y avait même beaucoup de dissidents qui considéraient le mot « évangélique » simplement comme une espèce de nom de baptême du journal qui circulait au milieu de la congrégation de la chapelle de Salem. Mais enfin l’épidémie avait été introduite au moment où les paroissiens l’y attendaient tout aussi peu que les Indiens Peaux-Rouges attendaient la petite vérole. Aussi longtemps que les auditeurs de M. Tryan étaient restés confinés dans la commune de Paddiford, — qui, par parenthèse, était à peine une commune, mais plutôt un petit district, où l’on entendait le bruit des métiers et où l’on respirait la fumée des mines de charbon, — le « pasteur et son jargon » avaient pu être traités de badinage. Il n’en fut plus ainsi lorsqu’un certain nombre de demoiselles de la ville furent atteintes de cette maladie, et que même un ou deux propriétaires solides, avec le vieux monsieur Landor, le banquier, à leur tête, parurent « donner dans » le mouvement ; lorsqu’on sut que M. Tryan était reçu dans plusieurs bonnes maisons, où il avait l’habitude de finir la soirée par l’exhortation et