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LA CONVERSION DE JEANNE

lequel M. Pilgrim accumulait le plus de dédain. Malgré la sage tolérance du praticien, la dissidence lui paraissait odieuse dans la personne de M. Jérôme. Peut-être était-ce parce que ce vieux monsieur, étant riche et ayant chaque année, pour lui et sa femme, de forts comptes de soins médicaux, employait Pratt, malgré cela négligeait tous les avantages d’un « traitement vif », et dépensait son argent sans affaiblir son système corporel. Sur tout autre point il eût été difficile d’expliquer un sentiment d’hostilité contre M. Jérôme, qui était un excellent vieillard, dont le bon vouloir pour ses voisins se traduisait non seulement en anglais peu correct, mais en prêts d’argent à celui qui paraissait riche, et en sacs de bonnes pommes de terre à celui dont la pauvreté était notoire.

Certainement Milby possédait une plus grande dose de bienveillance qu’on n’eût pu le croire d’après les apparences ; il y naissait d’innocents bébés, qui remplissaient de douces joies le cœur de leurs parents ; on y voyait des hommes et des femmes qui, bien que livrés à une mondanité frivole, ou tout gonflés de bien-être sensuel, avaient de bons moments, où ils pressaient avec sympathie une main souffrante et se sentaient émus par les bonnes actions de leurs voisins. Dans l’église et dans la chapelle il y avait des fidèles au cœur honnête qui s’efforçaient de conserver leur conscience pure ; et