Page:Eliot - La Conversion de Jeanne.djvu/30

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
26
SCÈNES DE LA VIE DU CLERGÉ

à descendre, suivant le nombre de visites inscrites sur son calepin, et j’ai vu M. Pilgrim découvrir les vertus les plus inattendues chez un patient attaqué d’une maladie qui promettait. Une bonne inflammation enflammait son enthousiasme, et une hydropisie lente le faisait se fondre en charité. Sans aucun doute, ce crescendo de bienveillance était dû en partie à des sentiments qui n’étaient point représentés par les inscriptions sur son agenda ; car il y avait aussi dans le cœur de M. Pilgrim une provision de tendresse et de pitié prête à surgir à la vue de la souffrance. Peu à peu, cependant, à mesure que ses patients entraient en convalescence, son appréciation de leurs caractères devenait moins enthousiaste ; quand ils trouvaient du plaisir aux côtelettes de mouton, il commençait à admettre qu’ils pouvaient avoir quelques faiblesses, et, lorsqu’ils avaient avalé leur dernière dose de fortifiant, il leur reconnaissait les défauts les plus inexcusables. Après cela, le thermomètre de ses égards restait au point suffisant pour le rendre agréable dans ses visites du matin aux personnes aimables encore éloignées de la convalescence.

Les clients de Pratt n’offraient pas le moindre intérêt à Pilgrim ; leurs maladies mêmes ne lui inspiraient que du dédain, et leurs corps lui paraissaient à peine dignes d’être disséqués. Mais, de tous ces clients, M. Jérôme était celui sur