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LA CONVERSION DE JEANNE

il priait ardemment pour obtenir une plus parfaite soumission et chercher son bien suprême dans la seule présence divine. Il reconnaissait qu’il ne désirait pas le prolongement de sa vie seulement pour faire l’œuvre de Dieu en ramenant les égarés et soutenant les faibles ; il reconnaissait en lui-même un nouveau désir de ces joies purement humaines qu’il avait volontairement et résolument bannies de son existence : une soif pour une goutte de cette profonde affection dont il avait été séparé par une barrière de remords. Car, maintenant, cette affection était à sa portée ; il la voyait là, comme une source à l’ombre des palmiers du désert ; il ne pouvait pas, en la voyant, désirer mourir.

L’automne s’écoula ainsi doucement dans sa « calme décadence ». Jusqu’en novembre M. Tryan continua à prêcher de temps en temps, à faire quelques visites à son troupeau, et à visiter les écoles ; il était parfaitement satisfait de M. Walsh, son suppléant, qui lui épargnait un travail trop actif et des inquiétudes rongeantes. Jeanne passait beaucoup de temps avec lui maintenant ; il aimait qu’elle lui fît la lecture pendant les soirées d’hiver qui s’allongeaient, et cela devint une règle pour elle et sa mère de prendre le thé à Holly Mount, où, avec Mme Pettifer et quelquefois une ou deux autres personnes amies, elles procuraient à M. Tryan la jouissance inaccoutumée de la causerie au coin de la cheminée.