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LA CONVERSION DE JEANNE

rire légèrement plus accentué. Il lui dit doucement : « Prenez mon bras », et ils marchèrent un moment en silence.

Il le rompit le premier : « Vous allez à Paddiford, je suppose ? »

Cette question rappela Jeanne au sentiment de la situation. Elle comprit que c’était là une occasion de commencer son travail de persuasion et qu’elle le négligeait sottement.

« Oui, dit-elle ; je vais chez Mme Linnet. Je savais que miss Linnet apprendrait avec plaisir que notre amie Mme Pettifer est installée maintenant dans sa nouvelle maison. Elle aime Mme Pettifer tout autant que moi — presque ; je n’admets pas que personne l’aime tout à fait autant que moi, car personne n’a pour cela d’aussi bonnes raisons. Mais, maintenant, cette chère femme a besoin de trouver un pensionnaire ; car vous savez qu’elle n’est pas en position de pouvoir habiter seule une aussi grande maison. Mais je savais, quand je l’ai engagée à aller là, qu’elle en trouverait facilement un ; c’est une personne d’une si agréable compagnie ; et je ne voulais pas la voir pour le reste de ses jours dans ce triste passage, à la disposition de tous ceux qui avaient envie de l’utiliser.

— Oui, dit M. Tryan ; je comprends tout à fait votre manière de sentir ; et je ne suis point étonné de cette vive affection pour elle.

— Oui, mais j’ai besoin que ses autres amis