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LA CONVERSION DE JEANNE

l’esprit de Jeanne cette privation d’enfants qui avait fait un tel vide dans sa vie. Elle avait parfois la pensée que, parmi les parents éloignés de son mari, il se pouvait qu’il y eût quelques enfants qu’elle pourrait élever, quelque petite fille qu’elle pourrait adopter, et elle se promettait de rechercher, un jour ou l’autre, une cousine issue de germains de son mari, une femme mariée qu’il avait perdu de vue depuis plusieurs années.

Pour le moment, son esprit et ses mains étaient trop affairés pour s’occuper de ce projet. À son grand désappointement, son dessein d’établir Mme Pettifer à Holly Mount avait été retardé par quelques réparations nécessaires pour rendre la maison habitable, et ce ne fut qu’au commencement de septembre qu’elle eut la satisfaction d’y voir sa vieille amie commodément installée, et les chambres destinées à M. Tryan, jolies et agréables, comme son cœur le désirait. Elle avait mis plusieurs de ses amis dans la confidence, et ils désiraient vivement le succès de son plan. M. Tryan devenait de plus en plus un sujet d’inquiétude pour ses auditeurs ; car, quoiqu’on ne pût observer en lui d’autres symptômes plus inquiétants qu’une augmentation de maigreur, une toux sèche et parfois une respiration courte, on sentait que l’accomplissement de la prédiction de M. Pratt ne tarderait pas longtemps, et que, de cette persistance au travail et