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SCÈNES DE LA VIE DU CLERGÉ

comme Sally Butts, « qui avait dû vendre sa mante, quoique ce fût une femme aussi convenable que possible ».

Jeanne écoutait avec attention ces détails, et vous auriez difficilement trouvé un plus joli tableau que la bienveillante figure de ce vieillard à cheveux blancs racontant ces fragments de sa simple expérience, en se promenant les épaules légèrement voûtées au milieu des roses moussues et des pommiers en espalier, tandis que Jeanne, avec son bonnet de veuve et ses yeux noirs brillants, cheminait à ses côtés en l’écoutant, et que la petite Lizzie, son chapeau de nankin pendant sur son dos, trottinait devant eux. Mme Jérôme refusait ordinairement de se joindre à cette promenade et observait souvent : « Je n’ai jamais vu quelque chose de semblable à M. Jérôme, quand il peut causer avec Mme Dempster ; ça ne lui fait rien que nous prenions le thé à quatre ou à cinq heures ; il irait jusqu’à six heures, si on le laissait faire ; il perd à moitié la tête. » Cependant Mme Jérôme elle-même ne pouvait nier que Jeanne n’eût un joli langage : « Elle dit toujours qu’elle ne trouve nulle part des pickles comme les miens ; je le sais bien — les autres les achètent aux boutiques — des choses épaisses, malsaines : vous feriez aussi bien de manger des éponges. »

La vue de la petite Lizzie rappelait souvent à