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SCÈNES DE LA VIE DU CLERGÉ

rejetée dans les profondeurs du désespoir ; mais marcher avec fermeté sur le terrain de l’habitude. Il résolut de ne pas quitter Milby à moins d’un devoir absolu et de ne pas cesser de veiller sur Jeanne tant qu’il vivrait.

Jeanne marcha rapidement jusqu’à ce qu’elle fût dans les prés ; mais alors elle ralentit le pas, jouissant de cette solitude qui, quelques heures auparavant, lui avait été insupportable. La présence divine ne lui paraissait pas à une distance où l’on ne pouvait l’atteindre ; la prière même paraissait superflue dans ces instants de calme confiance. La tentation qui, si récemment, l’avait fait frissonner pour l’avenir, était maintenant une source de confiance ; car n’en avait-elle pas été délivrée ? N’avait-elle pas reçu le secours dans l’extrême danger ? Oui ; l’Amour infini prenait soin d’elle. Elle se sentait comme un petit enfant dont la main est tenue avec fermeté par son père, tandis que ses faibles jambes cheminent sur un terrain raboteux ; s’il vient à trébucher, le père ne le laissera pas.

Cette promenade à la clarté des étoiles resta toujours dans le souvenir de Jeanne, comme l’une de ces époques de sanctification, où l’âme, plongée dans les eaux sacrées de la joie et de la paix, en ressort avec une nouvelle énergie, avec des dispositions plus inaltérables.

Quand elle arriva chez elle, elle y trouva Mme Pettifer, l’attendant avec inquiétude. Après