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SCÈNES DE LA VIE DU CLERGÉ

nes douleurs ; renouveler l’ancienne horreur et l’ancienne angoisse, afin de pouvoir se jeter avec une étreinte plus énergique au pied de la croix, où la divine souffrance lui donnerait une forme divine. Elle essaya de se rappeler ces premiers moments de honte, qui furent semblables à la découverte frémissante du lépreux qui s’aperçoit que la teinte fatale est sur lui ; les moments affreux passés près du lit de son mari, qui avait causé lui-même sa folie. Puis elle essaya de revivre par un souvenir que le contraste rendait plus vif, pendant ces heures bénies de joie et de paix qu’elle avait passées dernièrement, depuis que son âme avait été dirigée par la recherche de la sainteté.

Maintenant que le plus fort de la tentation était passé, l’effroi et l’abattement commencèrent à se placer, comme un brouillard, entre elle et le ciel, où elle cherchait lumière et directions. La tentation reviendrait — à la première occasion, cette impétuosité de désir pourrait l’emporter — et elle pourrait de nouveau glisser dans ce puits dangereux dont elle avait été une fois délivrée, et il n’y aurait plus de délivrance possible pour elle. Ses prières ne lui apportaient pas de secours, car la crainte l’emportait sur la confiance ; elle n’avait point de certitude que le secours qu’elle cherchait lui fût donné ; l’idée de sa chute future avait trop fortement saisi son esprit. Seule sur cette route, elle était impuis-