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SCÈNES DE LA VIE DU CLERGÉ

Toute cette bienveillance fut précieuse à Jeanne. Elle comprenait l’aide que cela lui donnait pour la conquête d’elle-même, grâce qu’elle implorait chaque jour. La force de son caractère reposait surtout dans l’affection ; cela donnait une tendresse fraternelle à ses actions bienveillantes et la faisait s’attacher avec persévérance à tout objet qui avait une fois excité sa sympathie. Hélas ! c’était une affection déçue, blessée, qui avait rendu ses peines si insupportables ! Et maintenant il n’existait plus d’obstacle au cours de ce fleuve abondant de sa nature — aucune angoisse secrète et rongeuse — aucune terreur — aucune honte. Des regards amis l’accueillaient ; elle sentait que des cœurs amis l’approuvaient et lui voulaient du bien, et ce doux soleil de bonne volonté tombait comme un bienfait sur ses nouvelles espérances et ses nouveaux efforts, comme la douce lumière qui suit la pluie tombe sur les tendres pousses du printemps et leur fait tenir toutes leurs promesses.

Et elle avait besoin de ces secours secondaires, car sa lutte avec son passé n’était pas toujours facile. Les fortes émotions qui donnent à la vie d’un être humain une nouvelle direction remportent la victoire de la même manière que la mer ; quoique les eaux avancent avec certitude, souvent, après une vague plus puissante que d’habitude, elles semblent reculer, comme pour perdre tout le terrain qu’elles avaient gagné !