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LA CONVERSION DE JEANNE

sant individu. « Mais c’est vexant d’être liée de cette manière. Vraiment, on dit que Mme Dempster aura une fortune de six cents livres par année. C’est une belle affaire pour elle : une pauvre fille qui n’avait pas le sou. Ce sera heureux si elle n’en fait pas des dépenses sans nom. »

L’opinion de Mme Phipps à l’égard de Jeanne était toutefois loin de prévaloir à Milby. Même des voisins qui ne lui portaient pas grand intérêt pouvaient à peine voir cette femme grande et belle dans son costume de veuve, sans être touchés d’une sincère admiration pour elle et sans avoir le sentiment qu’elle était entrée dans une nouvelle vie à laquelle on ne devait pas faire allusion, non plus qu’au passé. Et les vieux amis qui avaient de la bienveillance pour elle, mais dont la cordialité avait paru refroidie pendant les dernières années, retournèrent à elle avec franchise. M. Jérôme se trouvait positivement plus heureux, maintenant qu’il pouvait recommencer à faire des visites à cette « gentille petite Mme Dempster », et pensait à elle avec satisfaction, au lieu de le faire avec tristesse. Les Pratt ne perdirent pas de temps pour se remettre avec Jeanne et sa mère sur leur ancien pied d’amitié, et miss Pratt sentit qu’il lui incombait d’émettre en toute occasion une approbation très emphatique de la force d’esprit très remarquable que lui paraissait déployer Mme Dempster. Les miss Linnet furent très vive-