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SCÈNES DE LA VIE DU CLERGÉ

un banc, était propriétaire d’un chariot orné de cuivre ; et M. Jérôme, courtier en blé, retiré, et le membre le plus éminent de la congrégation, était l’un des hommes les plus riches de la paroisse. Mais, malgré cette apparence de prospérité, malgré la quantité ordinaire de prédications, que des notes furtives aidaient à improviser, Salem mentait à son nom et n’était pas toujours le séjour de la paix. Elle était malheureuse dans le choix de ses ministres. On découvrit que le révérend M. Horner, élu avec de brillantes espérances, était chicaneur et se querellait avec sa femme ; les opinions du Rév. M. Rose étaient un peu trop « élevées » et frisaient l’antinomianisme ; le talent de M. Stickney comme prédicateur ne soutint pas l’examen, et le Rév. M. Smith, homme distingué, très recherché dans les districts miniers, poète surtout, se montra trop disposé à échanger des vers avec les jeunes dames de sa congrégation. On trouva, non sans quelque raison, que cela devait prendre beaucoup de temps et apporter un sérieux obstacle à ses devoirs de pasteur. Ces révérends messieurs énoncèrent de leur côté l’opinion que les membres de l’église de Salem devaient être recrutés parmi les serviteurs les moins éclairés du Seigneur, et que Milby était un endroit infime, où ils auraient trouvé bien dur d’être appelés pour un long séjour, quoique, en voyant la brillante congrégation qui s’y