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SCÈNES DE LA VIE DU CLERGÉ

personne. M. Pilgrim donc était déjà en haut. Elle s’élança aussitôt vers la chambre de Dempster — sa chambre à elle. La porte était ouverte, et elle s’arrêta pâle d’horreur au spectacle qui s’offrit à ses yeux et qui se présentait avec une netteté d’autant plus effrayante que la lumière de midi illuminait la chambre.

Deux vigoureux infirmiers employaient toute leur force à retenir Dempster dans son lit, tandis que l’aide-chirurgien lui appliquait une éponge sur la tête et que M. Pilgrim s’occupait plus loin à préparer quelque appareil. Le visage de Dempster était pourpre et enflé, ses yeux dilatés et fixés avec terreur sur quelque chose qu’il croyait voir sortir du coffre-fort. Il tremblait violemment et faisait des efforts pour s’élancer hors du lit.

« Laissez-moi, laissez-moi, disait-il d’une voix rauque et basse ; elle vient — elle est froide — elle est morte — elle m’étranglera avec ses cheveux noirs. Ah ! ses cheveux, ce sont des serpents — ce sont des serpents noirs — ils sifflent — ils sifflent — laissez-moi aller — laissez-moi aller — elle veut m’entraîner avec ses bras froids — ses bras sont des serpents — ils veulent m’enlacer — elle veut m’entraîner dans l’eau froide — son sein est froid — il est noir — les serpents, les serpents !…

— Non, Robert, s’écria Jeanne, émue de pitié, s’élançant vers lui, les bras étendus, non,