Page:Eliot - La Conversion de Jeanne.djvu/25

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
21
LA CONVERSION DE JEANNE

muns, venait sans doute de ce qu’il avait épuisé dans le passé les sources de l’érudition. Il est vrai qu’on ne parlait pas de lui en termes très respectueux, et la parcimonieuse tenue de la maison du vieux Crewe était un sujet de raillerie ; mais c’était un signe caractéristique chez un ministre qui avait fait partie de la vie de Milby pendant un demi-siècle ; c’était comme les bosselures d’une vieille aiguière de famille, que personne ne voudrait changer contre une nouvelle vaisselle sortie toute fraîche de Birmingham. Les paroissiens ne voyaient aucun motif à révérer le pasteur ou qui que ce fût ; ils se sentaient beaucoup plus à l’aise de pouvoir regarder leur prochain de haut en bas.

Même la dissidence à Milby était à cette époque d’une nature molle et indifférente. La secte des anabaptistes, pressée par de lourdes dettes, avait loué la moitié de sa chapelle à un marchand de rubans ; et l’on ne pouvait découvrir le méthodisme qu’en le cherchant, comme on fait pour les larves curieuses, dans d’immondes recoins. Les indépendants étaient les seuls dissidents dont la bonne société de Milby reconnût l’existence, et elle avait une vague idée que les points culminants de leur croyance étaient la prière sans livre, les briques rouges et l’hypocrisie. La chapelle indépendante, appelée Salem, était rouge et bâtie en évidence dans une large rue ; plus d’un parmi ceux qui y possédaient