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LA CONVERSION DE JEANNE

chose pour quelqu’un — n’être pas plus longtemps une souche inutile. Je viens de lire l’histoire étonnante de Henry Martyn ; il est tout à fait comme M. Tryan — se fatiguant pour les autres tandis que je reste assise à ne penser qu’à moi. Il faut que je sorte. Adieu ; je reviendrai bientôt. »

Elle sortit en courant avant que Mme Pettifer pût trouver d’autre argument pour la dissuader, laissant la bonne femme très inquiète que cette détermination de Jeanne ne rendît inutiles toutes les précautions prises pour lui épargner une nouvelle secousse.

Jeanne, après sa visite au passage du Boucher, rentra dans la rue du Verger pour aller chez Mme Crewe ; elle pensait assez tristement que le ménage économique de sa mère ne lui offrirait guère de surplus à envoyer aux affamés Lakins, quand elle vit M. Pilgrim de l’autre côté de la rue. Il marchait rapidement, et, quand il atteignit la porte de Dempster, il tourna et entra sans frapper.

Jeanne fut surprise. M. Pilgrim n’entrerait pas de cette manière, à moins qu’il n’y eût dans la maison quelqu’un de très malade. C’était son mari : elle en fut aussitôt convaincue. Quelque chose lui était arrivé. Sans hésitation elle traversa la rue, ouvrit la porte et entra. Il n’y avait personne dans le vestibule. La porte de la salle à manger était grande ouverte — il n’y avait