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LA CONVERSION DE JEANNE

quitta la chambre avec elle et saisit cette occasion de lui dire ce qui était arrivé à Dempster. Quand Jeanne fut seule avec M. Tryan, elle lui dit :

« J’éprouve beaucoup d’incertitude sur ce que je dois faire à l’égard de mon mari. Je suis si faible : mes sentiments changent d’une heure à l’autre. Ce matin, quand je me sentais pleine d’espérance et si heureuse, je croyais que je pourrais retourner à lui et essayer de réparer les torts que je puis avoir eus. Je pensais que Dieu m’aiderait et que je vous aurais pour m’instruire et me conseiller, et que je pourrais supporter les peines qui viendraient. Mais depuis — tout cet après-midi et ce soir — j’ai eu les mêmes pensées que j’avais habituellement, la même frayeur de sa colère et de sa cruauté ; il me semble que je ne serai jamais capable de les supporter sans retomber dans le même péché et faire ce dont j’avais auparavant l’habitude. Cependant, si nous devions vivre séparés, je sais que ce serait toujours un poids sur mon esprit de m’être mise dans l’impossibilité de retourner à lui. C’est une chose effrayante dans la vie, quand on a été lié à quelqu’un par le mariage pendant quinze ans, de se séparer pour n’être plus rien l’un pour l’autre. Certainement c’est un lien très fort, et il me semble que mon devoir ne me permet pas de me détacher tout à fait de mon mari. Il est bien difficile de savoir que faire ; que dois-je faire ?